Selon Damasio, écrivain français, l’imaginaire façonne nos perceptions du réel et nos manières d’agir. Or, dans nos sociétés contemporaines, cet imaginaire est dominé par des récits négatifs et ravageurs alors même qu’ils façonnent nos désirs, nos peurs et notre vision du futur.
Par exemple, aujourd’hui, le récit prédominant dans l’inconscient collectif de la société, est celui du capitalisme qui caractérise la réussite comme la possession de richesse, terres et pouvoir
Et les récits concernant l’écologie et la préservation de l’environnement ? N’en parlons même-pas ! Les crises sociales et environnementales sont souvent présentées dans les médias dans des termes alarmistes. Ces messages alarmants, même s’ils veulent prévenir, peuvent décourager et bloquer l’action au lieu de la motiver.
Un des défis majeurs est donc de combattre les récits qui légitiment l’inaction ou la soumission au statu quo en proposant dans Nouveaux Récits qui encourage à l’action, l’engagement et in fine à la transformation de la société pour une transition écologique et solidaire effective. Aujourd’hui, 7 des 9 limites planétaires sont déjà dépassées. Nous avons donc besoin d’un récit motivant qui inspire l’action au quotidien, non pas en annonçant la fin du monde, mais en montrant qu’un avenir meilleur est possible.
Dans cette perspective, le Théâtre des Nouveaux Récits s’inscrit pleinement dans cette dynamique en reposant sur l’idée que la création artistique et culturelle peut être un moteur puissant d’engagement citoyen et de transformation sociale. Propulsé par le collectif GOAL 2050, le Théâtre des Nouveaux Récits est né début 2024 avec la volonté de donner aux jeunes les moyens d’imaginer des récits d’un futur désiré, afin de favoriser la mobilisation collective et la cohésion sociale internationale.
Le parcours va au-delà de la compréhension des enjeux planétaires et de l’imagination du monde de demain. Il plonge les participants dans une expérience immersive où ils se projettent concrètement dans cet avenir, en le rendant plus réel grâce à une approche engageant le corps, l’esprit et les émotions.
Concrètement, c’est à travers des outils d’intelligence collective, de théâtre et de coaching qu’on leur permet de se sentir en lien avec ce projet comme s’ils l’avaient réalisé, en définissant toutes les étapes de réalisation au point que ce projet devienne tellement concret que les participants n’ont plus qu’une envie : passer à l’action.
Cette prospective post-croissance est l’un des axes de réflexion engagé par le GSEF pour le Forum Mondial de l’ESS de 2025, qui identifie comme levier de transition : les utopies et récits de l’ESS.
Aujourd’hui, l’ESS n’est perçue comme une simple alternative, représentant seulement 10 % de l’économie, au lieu d’être considérée comme un futur modèle central. Pour opérer une véritable transformation, il faut la voir comme l’économie de demain et l’intégrer comme une norme. Cela nécessite des récits inspirants qui montrent comment l’ESS peut remplacer le modèle économique actuel et devenir un système stable et durable.
Par exemple, toutes les sociétés commerciales, telles que les magasins Decathlon, se seraient transformées en sociétés coopératives à l’image d’une SCIC, intégrant ainsi les salariés, les clients, les collectivités territoriales et les partenaires dans leurs gouvernance (leurs prises de décisions stratégiques). De ce fait, chaque acteur détiendrait un rôle et un droit de vote dans les grandes décisions. L’objectif ne sera plus seulement le profit, mais l’impact social et environnemental : accessibilité au sport, production éthique, circuits courts par exemple. Enfin, les magasins deviendront aussi des lieux d’apprentissage et d’échanges sur le sport et la consommation responsable.
En d’autres termes, si l’ESS devenait le modèle économique dominant, toutes les structures commerciales intégreraient des principes de coopération, de partage des richesses et de gouvernance démocratique. Dans ce modèle, la société civile devient acteur central du changement : les citoyens ne seraient plus de simples consommateurs ou spectateurs, mais des partenaires actifs dans la gestion des ressources, des services et des projets.
Ainsi, les Nouveaux Récits ont le pouvoir de dépasser l’imaginaire dominant du profit et de la compétition pour inspirer des modèles économiques coopératifs, durables et inclusifs. C’est en se projetant dans un futur désirable qu’on se donne une chance de le rendre réel.